Pour partager et synchroniser des fichiers et dossiers via le cloud avec d’autres personnes, quel service utiliser ? Des retours d’expérience avec des recommandations
Ulrich Fischer
Cette page en mode “je” résume l’expérience d’Ulrich Fischer; il s’agit donc d’un avis subjectif et personnel. Comme ces services évoluent dans le temps et s’améliorent constamment, je mettrais à jour cette page avec les nouveaux retours d’expérience.
L’objectif est de vous permettre de choisir le service cloud à utiliser de votre côté, en fonction de vos propres critères et besoins.
Un cocktail de services
J’utilise activement les services cloud suivants: Dropbox, kDrive, pCloud, Google Drive, OwnCloud et One Drive. Pourquoi autant ? Parce que souvent on n’a pas le choix lorsque l’on collabore avec d’autres personnes (on doit utiliser leur outil), mais aussi par curiosité: j’aime bien tester des nouveaux outils, s’il y a un nouveau avantage important (prix, fonctionnalité, capacité).
Le fait d’en utiliser autant en parallèle n’est pas idéal, parce qu’il peut y avoir des conflits entre ces services, qui pour certains vont aller se nicher assez profondément dans le système d’exploitation. Rien de profondément problématique, mais parfois des pertes momentanées de certaines fonctionnalités, comme l’état de synchronisation.
Pourquoi utiliser un service de stockage dans le cloud ?
L’intérêt premier de ces services de stockage dans le cloud est de maximiser l’usage avec les fichiers statiques:
- Pouvoir facilement synchroniser et partager des fichiers et des dossiers avec autrui
- Collaborer efficacement avec les fichiers statiques (PDF, images, vidéos, …), par exemple en commentant des vidéos ou en éditant des documents collaboratifs
- Avoir des backups, s’assurer un accès décentralisé et multi appareil de ses données
- Possibilité d’automatiser des processus en connectant le service de stockage avec d’autres applications
- Pouvoir étendre la capacité de stockage de son disque dur avec un stockage décentralisé (avoir virtuellement une capacité de stockage illimitée)
Concernant les points problématiques ou potentiellement négatifs, il y a:
- Le danger de pertes ou de corruption de données (si le service dysfonctionne ou se fait attaquer)
- Dépendance à un service tiers (prix, fonctionnalités, accessibilité des données)
- Dépendance à une connexion Internet (si les fichiers ne sont pas stockés entièrement sur son propre disque dur)
- La sécurité et la privacité de ses propres données n’est pas garantie à 100%
- Problèmes de conformité potentielles avec les réglementations sur la protection des données
Il faut aussi être conscient que ces services cloud sont optimisés pour l’utilisation de fichiers et ne sont pas une substitution à une base de données.
Pour profiter pleinement des possibilités de l’informatique, voir l’article sur les données dynamiques:
Alors, quel service utiliser pour profiter de ces avantages, sans trop pâtir des potentiels effets négatifs ?
Dropbox, le classique
Les services cloud apportés par Dropbox vont bien au-delà de la synchronisation de fichiers entre plusieurs machines: il y a aussi des outils collaboratifs simples pour la vidéo, le texte (Paper), un gestionnaire de mots de passe…
Mais ce qui rend Dropbox aussi largement utilisé est sa simplicité de mise en place et d’usage: une fois installé, c’est automatique et transparent. Et il n’y a que très très peu de dysfonctionnements, la synchronisation sélective fonctionne très bien.
Par contre, dès que l’on doit administrer une équipe, l’interface et le fonctionnement de Dropbox n’est pas très bien pensé, on sent qu’ils n’ont pas résolu l’enjeu d’un outil d’administration efficace (impression d’être face à une usine à gaz).
Un des gros plus de Dropbox par rapport à la concurrence, c’est son interopérabilité: comme c’est le leader du marché, Dropbox est intégré nativement à beaucoup d’autres services et les possibilités d’automation sont innombrables. Les autres solutions présentées ici sont très loin de proposer un tel niveau d’intégration.
Le service est solide, mais se paye au prix fort: c’est un des cloud les plus onéreux.
kDrive, ce n’est (malheureusement) pas encore ça
En début de l’année 2022, j’ai voulu migrer mes 1,5 To de données Dropbox sur la solution genevoise, le kDrive. Mais après plusieurs semaines tests et d’allers-retours avec leur service technique, j’ai lâché l’affaire: tout le processus de mise en place est bien laborieux et il y a des bugs qui rendent l’usage pas fiable.
C’est dommage, car cette solution a plusieurs avantages par rapport à Dropbox, dont le prix et le stockage en Suisse.
Mise à jour en 2024: l’installation et la mise en route est toujours aussi capricieuse, avec des dark patterns au niveau de la prise d’abonnement (éthique, vous dites, Infomaniak ?), des dysfonctionnements inopinés, et des réglages vraiment pas très explicites ni intuitifs. Je n’ai encore jamais pu activer la synchronisation sélective, qui est une base incontournable. Aussi, l’interopérabilité n’est clairement pas un point fort de ce service.
A garder à l’oeil, ce d’autant plus que la proposition tarifaire est intéressante et compétitive.
pCloud, solution intéressante
J’ai acheté une licence à vie de 2To pour 5 utilisateurs d’une autre entreprise Suisse, qui développe pCloud (il font parfois des réductions de plus de 80%, ce qui rend l’acquisition intéressante).
Cette solution est originale dans le sens qu’elle propose un disque virtuel qui permet d’étendre la capacité de stockage de son ordinateur, sans devoir stocker les données sur son propre disque dur.
On est donc dépendants d’une bonne connexion Internet lorsque l’on veut accéder à ses fichiers… C’est pratique pour certaines données, mais certainement pas dans un mode où l’on doit être productif même hors ligne.
Parfait pour les petits documents légers, mais clairement pas pour de la vidéo. La mise en route est quelque peu technique, car il y a plein de réglages et concepts spécifiques à comprendre. En outre, il faut appliquer une intégration de bas niveau sur son système, ce qui rend son installation délicate.
Un bon complément, surtout grâce à son offre tarifaire de licence à vie.
Google Drive et One Drive, no drive…
Je n’ai jamais pu me faire à l’utilisation de Google Drive, qui est comme une savonnette dans un bain plein de mousse… Google n’est vraiment pas champion dans les consoles d’administrations et les réglages de ses applications: beaucoup trop complexe et touffu, bien trop Microsoft.
En parlant Microsoft: le peu que j’ai utilisé la solution de Microsoft One Drive, j’ai trouvé l’intégration avec les autres outils Microsoft pas évidente d’usage, et la gestion multi-compte n’est aussi pas au point, si l’on se fait inviter par une institution par exemple. La jungle des licence Microsoft avec ses variantes d’application est clairement un gros point noir, qui rend l’usage des solutions Microsoft vraiment pénible.
Aussi, le travail collaboratif avec des fichiers Word ou Excel est clairement à déconseiller: c’est très mal fichu, avec beaucoup de bogues, et angoissant parce que les fichiers disparaissent de son disque dur, dès que l’on partage un fichier avec d’autres personnes…
OwnCloud, trop dans son coin
L’application OwnCloud, qui a le mérite d’être en open source et développé avec un autre état d’esprit que toutes les solutions commerciales, a le grand désavantage de la plupart des applications open source: plusieurs années de retard de fonctionnalités en comparaison avec les solutions commerciales de premier plan, une ergonomie pas très aboutie et malgré le côté ouvert, très peu interopérable avec d’autres outils (sans passer par un développeur - et encore, because sécurité…).
Je pourrais bientôt donner un autre son de cloche, j’espère, après l’installation d’une instance auto-hébergée de Nextcloud, une alternative open source également à OwnCloud. Pour la petite histoire, Nextcloud est un développement alternatif du projet OwCloud, qui semble prendre plus d’ampleur et de dynamique.
L’outsider, Resilio Sync
Il y a aussi une autre solution qui fonctionne différemment, en mode P2P: Resilio Sync. Cette solution est intéressante pour synchroniser des fichiers entre plusieurs espaces de stockages locaux, sans être stockés sur un cloud. Cette solution est à mon sens plutôt complémentaire aux autres outils, elle est aussi plus technique à mettre en place.
Elle a l’avantage non négligeable d’être moins onéreuse que toutes les autres solutions décrites ici.
A tester, Proton Drive
Je n’ai pas encore essayé, mais le cloud de Proton (une autre entreprise Suisse) a une bonne réputation et semble vraiment intéressant parce qu’il propose un bundle de services avec son offre de stockage dans le cloud: l’email, les calendriers, un VPN et un gestionnaire de mots de passe.
Le prix est correct, même si l’offre de base ne propose que 500GB (ce qui sera vite trop restreint).
Quid d’iCloud ?
Il faut oublier la solution d’Apple, iCloud, qui n’est pas du tout prévue pour un usage partagé en mode de travail sérieux, car elle ne permet pas de gérer et partager les fichiers comme Dropbox et consorts. Bien que je suis utilisateur à 100% de machines Apple, j’ai beaucoup de peine avec les solutions logicielles développées par la firme. iCloud n’est tout simplement pas fait pour un usage qui veut plus que la synchronisation invisible des contenus de ses propres appareils Apple.
En résumé
Je conseille l’usage de Dropbox, parce que c’est la solution la plus simple et la plus solide, selon mon expérience.
L’aspect négatif est son prix conséquent dès que l’on veut collaborer à plusieurs, son outil de gestion des autorisations d’équipe (très peu pratique)… et le fait que c’est un service américain.
Mais plus que le choix du service cloud, les deux aspects les plus importants pour la bonne utilisation des fichiers statiques sur sa machine sont: bien organiser son arborescence de dossiers et définir une logique de nomenclature.