Claire Jousson
Retours de la conférence
Ce billet a été rédigé par Claire Jousson sur base d’une discussion avec Ulrich Fischer, qui a raconté la collaboration avec Panoramai et fait une analyse subjective des trois jours bien intenses de cet événement.
Une collaboration née d’un besoin précis
Les 3, 4 et 5 juin derniers s’est déroulée la deuxième édition de Panoramai à Lausanne, sommet international sur les bouleversements entraînés par l'IA au sein de notre société. Pour Memoways, c’était l’occasion de nouer un partenariat avec l’événement, afin de répondre à un besoin bien précis : faciliter la logistique en amont grâce à une plateforme collaborative.
L’idée était simple mais essentielle pour répondre au besoin de l’organisateur Raphaël Briner : optimiser la gestion des contenus et de la logistique, tout en favorisant la participation collaborative.
Gestion des fichiers et galerie de projets : deux objectifs clairs
Notre rôle se précisait autour de deux axes complémentaires. Premièrement, organiser efficacement les slides des nombreuses présentations pour assurer une fluidité maximale durant les interventions. Deuxièmement, créer une galerie centralisée où seraient regroupés tous les pitchs des participants (startups et projets artistiques), simplifiant ainsi le processus d’évaluation lors de la compétition et maximisant également la visibilité des projets.
Pour réaliser ces objectifs, nous avons choisi ues.io, une solution agile low/no code, idéale pour créer rapidement des plateformes web innovantes.
Ainsi, un portail numérique a été développé afin de faciliter le processus de gestion des données des participants avant et pendant la conférence, tout en offrant une plateforme d'accès aux divers projets durant l'événement.
Voici le projet avec plus de détails:
Mission complémentaire: garder la mémoire grâce à la vidéo
Memoways a également mis à disposition son savoir-faire vidéo pour filmer en multi-caméra toutes les conférences, tout en enregistrant les sessions et talks avec son bot Telegram Audiogami.
Nous avons transformé les enregistrements en transcriptions avec diarization (indication des locuteurs), ce qui a permis générer des synthèses des speechs sur la plateforme Panoramai, et ainsi de pouvoir valoriser les apports et discussions au-delà des journées en présentiel.
Par exemple, voici le Big Recap:
Voici une capture vidéo de la première journée, filmée par Memoways:
Une édition bicéphale : l’art face à la tech
Cette année, Panoramai s’est divisée en deux grandes catégories distinctes : la création artistique d’un côté, et les start-ups et entreprises technologiques de l’autre. Chaque volet avait son propre jury spécialisé, composé d’investisseurs ou de curateurs. Les prix décernés ont valorisé principalement des start-ups locales aux concepts originaux et innovants.
L’IA, au cœur des préoccupations créatives
Le thème central qui a traversé tous les échanges était celui des bouleversements apportés par l’IA, autant dans les métiers que dans la valeur de ce que nous créons. Les discussions du monde artistique ont révélé un paradoxe : fascination pour les possibilités inédites offertes par l’IA, mêlée à une certaine panique morale face à ses implications éthiques, écologiques et légales.
Trois freins majeurs à l’utilisation créative de l’IA ont été évoqués de manière récurrente : l’éthique autour du “vol” d’œuvres, l’impact écologique de ces technologies, et la difficulté de revendiquer la paternité d’une œuvre générée par une machine (c’est quoi l’art IA ?)
Artistes face à l’IA : vers un nouveau paradigme ?
Une question importante était: comment valoriser une œuvre créée par une intelligence artificielle si elle ne peut être protégée par le copyright, ni associée clairement à son créateur humain ? Ce paradoxe résonne avec l’apparition de la photographie, longtemps contestée avant d’être pleinement reconnue comme art. Par exemple, ses détracteurs lui reprochaient également l'absence de difficulté dans le processus de réalisation en comparaison à d’autres disciplines artistiques. Pourtant, aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour ne pas croire qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour obtenir une photographie qui fait œuvre.
L’IA nécessite donc un nouveau changement radical de notre approche artistique, privilégiant la valeur de l’idée initiale et du processus plutôt que l’œuvre finale seule.
La médiation culturelle, moteur d’une nouvelle créativité
Ce qui ressort fortement de cette édition de Panoramai, c’est l’importance du lien humain. La valeur réside moins dans le résultat final que dans l’échange, la médiation, et le processus de création. Cette dimension conversationnelle devient essentielle, plaçant la médiation culturelle au cœur du dispositif créatif.
Plutôt que de figer les œuvres comme objets d’art classique, pourquoi ne pas imaginer une nouvelle échelle de valeur, basée sur l’usage, les échanges et l’interaction humaine ?
Improvisation et collaboration : la clé du succès humain
Ce qui restera peut-être le plus marquant de Panoramai, c’est l’engagement spontané et actif des participants. Plutôt que spectateurs passifs, ils sont devenus acteurs dynamiques, profitant du côté original et hautement participatif des morning walks pour trouver leur place et vivre des échanges chemin faisant. Cette dynamique humaine a apporté une dimension particulièrement vivante à l’événement.
Start-ups et entrepreneurs : curiosité et ouverture face à l’IA
Du côté des entreprises et start-ups, cet esprit était encore plus palpable. Enthousiasme, curiosité et absence de préjugés : voilà les qualités qui permettent aux entrepreneurs d’aborder l’IA comme une opportunité. En acceptant ce changement avec ouverture et curiosité, il devient possible de transformer l’inévitable révolution IA en un puissant levier bénéfique pour la société tout entière.
Portée par des réflexions profondes, mais surtout par une énergie collective qui promet de belles perspectives d'avenir, cette deuxième édition de Panoramai a transcendé les débats sur l’IA pour devenir un espace vivant d’exploration et de création partagée. Une preuve éclatante que, face aux machines, notre plus grand atout reste la force du lien humain.